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Par berenice.la.ballade le 12 Novembre 2020 à 20:16
11 février 1915 :l'affaire du pantalon rouge.Le soldat Lucien Bersot ,grelottant de froid, demande à son Supérieur un pantalon adéquat.
Son sergent lui rapporte un pantalon, pris sur un soldat mort, avec une tache de sang.
Bersot refuse .
Le lieutenant lui inflige 8 jours de prison.
Estimant la sanction trop clémente, sa hiérarchie le traduit devant le conseil de guerre qui le condamne à mort.
Il est exécuté le 13 février 1915.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/haute-saone/histoires-14-18-lucien-bersot-fusille-pantalon-641751.html
Histoires 14-18 : Lucien Bersot, fusillé pour un pantalon
Il est la victime symbolique de l'injustice et de l'absurdité de certains ordres militaires durant la guerre 14-18. Lucien Bersot fut fusillé pour l'exemple en février 1915 pour avoir refusé de porter un pantalon souillé. L'un des 740 soldats français exécutés durant ces cinq années du conflit.
Lucien Bersot est né en 1881 dans un petit village de Haute-Saône, Authoison, dans une famille de paysans. Il devient ensuite maréchal-ferrant dans le quartier Battant de Besançon.
Une plaque y commémore son destin tragique ainsi que celui d'un de ses camarades.(Découvrez-la sur le site du 60ème régiment d'infanterie de Besançon, l'as de coeur)
Un pantalon souillé
Lucien Bersot est mobilisé en 1914 sur le front de l’Aisne. On lui remet alors un pantalon de toile blanc, car il n’en reste plus de rouge garance. En février 1915, saisi par le froid, il réclame un bas de laine réglementaire. Le sergent fourier lui donne alors un pantalon déchiré et tâché de sang, pris sur un cadavre…Bersot refuse !
Le lieutenant André inflige huit jours de prison à Lucien Bersot pour désobéissance devant l’ennemi. Le soldat proteste, tout comme ses camarades. L’affaire s’envenime. Le colonel Auroux veut en faire un exemple et convoque le lendemain le conseil de guerre, dans lequel il joue lui-même les accusateurs. Lucien Bersot est condamné à mort et fusillé. Deux de ses camarades envoyés en camp de travaux forcés.
Le soldat est réhabilité en 1922.En 1924, il est inhumé à Besançon. Son nom est inscrit sur le monument aux morts.
Martine Hadjaj, arrière petite-fille de Justine Bersot, la cousine de Lucien, a oeuvré pour honorer le soldat fusillé dans son village natal, Authoison. Elle a contacté les 52 cousins descendant de Justine qui, tous, ont accepté de financer une plaque commémorative. Cette plaque a donc été inaugurée, en présence de nombreux enfants des écoles, en avril 2014. Elle salue la mémoire de "tous les fusillés pour l'exemple de la guerre 1914-1918".Adaptations littéraire et cinématographique
En 1997, Yves Boisset a réalisé le téléfilm "le pantalon" adapté du livre éponyme d'Alain Scoff.
Revoyez ce reportage de Thierry Chauffour et Laurent Brocard au moment de sa sortie sur les écrans.
Au total, 2 500 condamnations seront prononcées à l'encontre de soldats sous uniforme français pendant la grande guerre. 740 seront fusillés.
Le réseau Canopé (Ministère de l'éducation nationale) offre un dossier complet sur ce phénomène tragique des fusillés qui a traversé la Grande Guerre de part en part, touché tous les États belligérants, tous les fronts, dès les premiers jours de la guerre. Le sous-chapitre sur le refus d'obéissance comme motif d'exécution revient largement sur le cas Bersot, avec des témoignages écrits de ses contemporains.
Un reportage d'Antenne 2 lors des commémorations du 11 novembre 1998 revient aussi sur ce sujet délicat des fusillés pour l'honneur. Le général André Bach, alors chef du service historique de l'armée de terre (SHAT) explique que le nombre d'exécutions de ce type est plus fort dans les années 1914-1915 qu'en 1917-1918. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en se référant aux nombreuses mutineries du printemps 1917.Commentaires
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Après la guerre, une campagne de presse fut engagée par le journal Germinal sous la plume d'un jeune avocat, René Rücklin, conseiller général de Belfort. Soutenue par la Ligue des droits de l'homme, cette initiative permit d'obtenir la réhabilitation de Lucien Bersot dès le 12 juillet 1922. La Cour de cassation ne pouvait que statuer rapidement pour confirmer l'injustice dont fut victime le fusillé Bersot. Grâce à cette réhabilitation, sa veuve put prétendre à la pension de veuve de guerre et sa fille put être reconnue comme pupille de la Nation.
Le colonel Auroux fut mis en cause pour avoir agi en toute illégalité, étant à la fois l'accusateur et le président du Conseil de guerre, et faisant infliger une peine sans commune mesure avec la faute (violation de l'article 24 du Code de justice militaire constatée par la Cour d'appel de Besançon, le 10 avril 1922). À l'Assemblée nationale, le député Louis Antériou, ancien combattant et futur ministre des Pensions, interpella le gouvernement pour demander sa condamnation, mais André Maginot, ministre de la Guerre, repoussa la discussion sous le prétexte d'une campagne antimilitariste. Auroux, protégé par Maginot et par la hiérarchie militaire, échappa à tout jugement jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Cartel des gauches, où il fut mis à la retraite en 1924 sans pouvoir obtenir le grade de général qui lui serait revenu sans ces événements. Il avait, auparavant, été fait commandeur de la Légion d'honneur .
Lucien Bersot fut ré-inhumé en 1924 dans le cimetière de Besançon. Une stèle située à proximité de l'église de Fontenoy (Aisne), inaugurée en novembre 1994, rend hommage à Lucien Bersot et à un autre fusillé pour l'exemple : le soldat Léonard Leymarie du 305e régiment d'infanterie, exécuté le 12 décembre 1914 sous le prétexte de « mutilation volontaire » (sur les données d'un rapport médical), acte pour lequel il avait toujours protesté de son innocence (il avait été blessé à la main à son poste de guetteur ; or de nombreux cas de mutilation volontaire consistaient à tenir une cigarette allumée dans le creux de la main tendue par-dessus le parapet de la tranchée). Leymarie a été réhabilité en 1923.
La municipalité de Besançon a récemment décidé d'apposer une plaque à l'entrée de la Maison du peuple, rue Battant. Cette plaque, inaugurée le 11 novembre 2009, honore la mémoire de Lucien Bersot et celle d'un autre poilu, Elie Cottet-Dumoulin, ouvrier ferblantier de Battant, condamné à dix ans de bagne pour avoir protesté contre la sanction qui frappait son camarade de régiment. Ce soldat est mort en Orient (Serbie) en 1917.
Une rue de Besançon porte le nom de Bersot, mais elle honore la mémoire d'un homonyme, bienfaiteur de Besançon, François Louis Bersot.
Ce soldat connu du monde entier grâce au film d'Yves Boisset, a été honoré dans son village natal. Une plaque offerte par la famille lui rendant hommage ainsi qu'à tous les « Fusillés pour l'exemple » a été fixée sur le monument aux morts, le 19 avril 2014. Le ministre chargé des Anciens Combattants auprès du ministre de la Défense avait délégué monsieur Bonamy-Fromentin pour le représenter à cette cérémonie qui a réuni des descendants venus de toutes les régions françaises. Joseph Pinard, biographe du soldat, présenta l'exposition prêtée par la ville de Besançon pour clore cet hommage.
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Par berenice.la.ballade le 11 Novembre 2020 à 12:58
Un fermier surveillait ses animaux dans un pâturage éloigné, quelque part au nord d'Amiens, quand soudain une rutilante B.M.W. s'avança vers lui, dans un nuage de poussière. Le conducteur, un jeune homme portant un complet Armani, des chaussures Gucci, des lunettes de soleil Ray-Ban et une cravate Yves St-Laurent, s'étira le cou par la fenêtre et demanda au fermier :
- " Si je te dis exactement combien de vaches et de veaux il y a dans ton troupeau, me donneras-tu un veau ? "
Léon regarda l'homme puis jeta un regard vers son troupeau en train de brouter tranquillement et répondit avec calme :
- " Oui, pourquoi pas..."
Le yuppie stationne son auto et s'empare de son mini ordinateur Dell, le branche à son cellulaire, et navigue sur Internet vers un site de la N.A.S.A., et contacte ensuite un satellite G.P.S. pour obtenir un positionnement exact de l'endroit, puis fournit les coordonnées à un autre satellite de la N.A.S.A. qui numérise le secteur en une photo ultra haute résolution. Le jeune homme accède ensuite au site de photographie digitale Adobe et exporte l'image vers un site d'analyse d'image à Hambourg en Allemagne. Quelques secondes après, il reçoit un courriel sur son IPad Air, mentionnant que l'image a été analysée et que les données ont été conservées. Il accède ensuite à une base de données M.S – S.Q.L. via un O.B.D.C. connecté à une feuille de calcul Excel avec courriel sur son Blackberry et après quelques minutes, reçoit une réponse. Il se tourne vers le fermier et lui
dit :
- " Tu as exactement 1.586 vaches et veaux. "
- " C'est bien vrai. O.k., tu peux prendre l'un de mes veaux ", dit le fermier.
Il observa donc le jeune yuppie qui choisissait un des animaux et le regarda amusé pendant que le jeune homme installait l'animal dans le coffre arrière de sa B.M.W. Alors le fermier dit au jeune homme :
- " Hep ! Si je te dis exactement dans quel secteur d'activités tu travailles, me redonneras-tu mon veau ? "
Le jeune homme réfléchit un instant et dit :
- " O.k., pourquoi pas ? "
- " T'es membre du gouvernement de Emmanuel Macron , dit le fermier.
- " Wow ! C'est exact ", dit le Yuppie, " Mais comment as-tu pu deviner cela ? "
- " J'ai pas eu besoin de deviner '', dit-il. " T'es arrivé ici sans que personne ne t'invite, tu veux te faire payer pour une réponse que je connaissais déjà, à une question que je ne me posais pas. Tu t'es servi d'un équipement valant des millions d'euros pour essayer de me prouver que tu es plus intelligent que moi, alors que tu ne connais rien des travailleurs et de ce qu'ils font pour gagner leur vie. Tu ne connais rien aux vaches. Ce que tu as devant toi, c'est un troupeau de moutons ! Maintenant, redonne-moi mon chien." auteur inconnu
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Par berenice.la.ballade le 10 Novembre 2020 à 19:46
LE SAVIEZ VOUS ??
LORSQUE VOUS MANGEZ UNE FIGUE, VOUS MANGEZ AUSSI UNE GUÊPE !!!
Vous aimez les figues ? Alors c’est que vous aimez les guêpes ! Eh oui, pour devenir un fruit si savoureux, la figue doit être pollinisée par une guêpe. Et cette dernière doit absolument mourir à l’intérieur de la figue. On vous explique tout !
LA FIGUE N’EST PAS UN FRUIT !
Avant de commencer, il nous semble important de rappeler que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la figue n’est pas un fruit. Il s’agit en fait d’une fleur inversée. En effet, à l’inverse du pommier ou du poirier, les fleurs du figuier ne poussent pas à l’air libre, mais à l’intérieur de la coque rigide qui entoure la figue.
Pour observer ces fleurs, il suffit de couper une figue en deux. Au niveau du coeur, on peut alors apercevoir de nombreuses pulpes rouges. Il s’agit des fleurs de figuier. En s’approchant encore un peu plus, on peut même apercevoir les graines.
Or, chaque fleur de figuier produit un seul fruit. Ce dernier contient une seule graine.
Étant donné que chaque figue est constituée de plusieurs graines, cela signifie que manger une figue revient en fait à manger plusieurs fruits.
À noter également qu’il existe des figues mâles et des figues femelles. Les figues que nous mangeons sont toujours des figues femelles.
LA POLLINISATION, QU’EST-CE QUE C’EST ?
La figue n’est vraiment pas un végétal comme les autres. Et pour cause, étant donné qu’il s’agit d’une fleur inversée, son processus de pollinisation se fait à l’intérieur même de la figue. Mais comment les insectes pollinisateurs font-ils pour y accéder ?
Pour rappel, afin que les plantes puissent se reproduire, et que les fruits et légumes puissent être cultivés, le vent ainsi que les insectes sont indispensables.
En effet, ces derniers, en se nourrissant du nectar des fleurs, récoltent sans le savoir du pollen sur leur corps, pollen qu’ils déposent ensuite sur les autres fleurs qu’ils butinent.
Or, le pollen est le “sperme” des plantes. C’est donc de cette façon que les végétaux se reproduisent.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la disparition des insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, est une véritable tragédie pour la planète. Sans eux, les végétaux ne pourront plus se reproduire, plongeant le monde dans une crise alimentaire sans précédent.
POUR QU’UNE FIGUE MÛRISSE, UNE GUÊPE DOIT SE SACRIFIER
Mais revenons-en à la figue. Le figuier fait office d’exception dans le monde des végétaux pour la simple et bonne raison qu’il est pollinisé par une seule espèce d’insecte : la guêpe du figuier.
Et c’est là que ça devient vraiment intéressant. En effet, pour polliniser la figue femelle, la guêpe du figuier doit s’y introduire par l’orifice prévu à cet effet. Jusque-là tout va bien.
Le problème, c’est que pour y entrer, elle doit se contorsionner au point de briser ses ailes et ses antennes. Par conséquent, une fois qu’elle est entrée, la guêpe ne peut plus ressortir. Elle est donc condamnée à mourir à l’intérieur de la figue.
Mais ne soyez pas triste pour elle. En réalité, c’est grâce au pollen apporté par la guêpe que les fleurs peuvent éclore et que le fruit peut mûrir. Ainsi, sans le sacrifice de ces guêpes bien particulières, les figuiers n’existeraient pas.
Mais que devient le corps de la guêpe, me direz-vous ? Eh bien, il est digéré par la figue et transformé en protéines.
Lorsque vous mangez une figue, vous mangez donc aussi une guêpe morte ! Toutefois, rassurez-vous, le corps de l’insecte s’est depuis longtemps dissout, il n’y a donc aucune chance pour que vous croquiez dans une guêpe !
C’est cependant pour cette raison que certains végans (ceux qui ne consomment aucun produit d’origine animale : ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni oeufs, ni miel…) décident de ne plus consommer de figues.
LE FIGUIER A BESOIN DE SA GUÊPE, MAIS LA GUÊPE A AUSSI BESOIN DE SON FIGUIER
Le figuier et la guêpe du figuier sont ce que l’on appelle “interdépendants“. Cela signifie qu’ils ont autant besoin l’un de l’autre pour survivre. En ce qui concerne le figuier, on a pu voir précédemment en quoi la guêpe lui était indispensable.
Concernant la guêpe, elle a également besoin du figuier puisqu’il lui fournit un nid d’exception pour ses larves.
En effet, les guêpes femelles déposent leurs œufs dans les figues mâles.
Mais, comme nous l’avons vu, les guêpes ne peuvent ensuite plus ressortir. Ce n’est pas grave puisque leur but est de pondre et d’assurer ainsi leur reproduction. Leur mort n’est donc pas vaine.
Et une fois que les bébés guêpes femelles ont suffisamment grandi pour pouvoir quitter le nid, elles sont encore suffisamment petites pour pouvoir se glisser à l’extérieur et aller à leur tour soit pondre dans une figue mâle soit polliniser une figue femelle. Mais dans tous les cas, elles sont vouées à mourir à l’intérieur d’une figue.
Quant aux bébés guêpes mâles, ils naissent sans ailes car leur unique rôle est de se reproduire avec les bébés guêpes femelles (leurs soeurs, donc) avant qu’elles ne sortent du nid. Ils ont également pour mission de creuser des tunnels dans la figue afin que ces dernières puissent s’échapper.
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Par berenice.la.ballade le 10 Novembre 2020 à 09:57
DU BON USAGE DES CRISES
par Christiane SingerExtrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991 à Mirmande à l’occasion du dixième anniversaire du Centre Dürckheim (Drôme).
J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire.
Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à portée de main, pour entrer dans l’autre dimension.
Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur. C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.
Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage, l’embouteillage c’est toi ! ». Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».
[…] J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable. Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin. Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».
[…] J’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde. Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit. Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix. Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. »
Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester ! Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction. Et je reste là et je regarde.
[…] J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non-identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.
Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie. Jean Lavoué
Source : Extrait de « Du bon usage des crises », par Christiane Singer, pp. 41-49. Edition Albin Michel, 2001.
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Par berenice.la.ballade le 9 Novembre 2020 à 18:18
Notre système de vie aseptisé
Nous empêche d'apprivoiser la mort.Je suis fatigué, épuisé, excédé,
Je ne supporte plus ce tintamarre immature autour d'un masque en tissu.J'ai écouté hier soir, le fameux Pr Raoult sur BFM,
Je n'ai pas d'avis sur ses positions médicales,
Mais constate que cet homme très pragmatique,
Me paraît avoir du bon sens et surtout
Une bonne connaissance de la sociologie
Et de la psychologies de la maladie.Il a dit et répété une conviction que je partage,
Fruit de mes propres constats personnels.Les virus et les maladies sont révélateurs
De notre manière de concevoir la vie et la mort.
Ce qu'aura révélé ce confinement
C'est la peur maladive de nos sociétés.La technoscience et la médecine biomédicale
Nous ont mis dans la tête que l'essentiel
Est de ne pas être privé de santé physique et mentale,
Comme si le but ultime et exclusif de notre vie était
D'avoir un corps sain dans un esprit sain,
Mais quelle vie, alors, pour ceux dont "le métier"
Est de vivre avec leur maladie toute leur vie durant?Ce virus, on ne le dit pas assez, a littéralement
Renversé ce mythe de bonne santé.
Pour affronter une pathologie inconnue
Les chercheurs du monde entier,
Pourtant reliés par les réseaux et les technologies
Pour favoriser le travail collaboratif,
Ont dû avouer sur tous les plateaux TV
Leur méconnaissance du sujet
Et leur incapacité à trouver des solutions.Ce qui m'a frappé dans l'interview avec le Pr Raoult,
C'est sa tranquillité et sa sérénité,
Et surtout son bon sens inscrit sur un doigt de sa main gauche:
une bague en forme de tête de mort.Cet homme sait, en médecin praticien,
Qu'il faut savoir être pragmatique et efficace
Pour tout imaginer et soulager un malade,
Au risque de transgresser les règles centraliséesSans oublier que la mort est intimement intégrée à la vie,
Que cette dernière est rendue possible
Grâce à l'articulation vie/mort
Qui structure la relation au Vivant.Je suis convaincu, et de plus en plus, au fil du temps,
Qu'être en bonne santé est très important
Mais que l'essentiel est ailleurs,
Dans une conviction qui pourrait nous vacciner
De la peur obsédante de mourir.Le sens de notre vie n'est pas dans le silence des organes,
Il est sans doute à chercher dans ce qui nous maintient
Vivant, y compris dans les pires conditions:
L'amour, la générosité, l'altruisme, la solidarité.Je vous le dis tout à trac: je crains cent fois plus
Le risque d'être bête et ignorant,
Que le risque à chaque instant d'être affronté
A la perspective de mourir.Je vais sans doute vous choquer
Mais c'est ma façon de sentir les choses de la vie:
La meilleure façon de vivre "en bonne santé"
C'est de se familiariser avec l'idée qu'un jour
Nous mourons, c'est-à-dire que nous muterons,
Nous nous transformerons...pour embrasser une Vie
Bien plus ample et abondante.Marc Marronne
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