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Aujourd hui nous parlerons des Transbordeuses d oranges à Cerbère .... dernier volet
Cerbère et ses transbordeuses d’oranges : une histoire commencée il y a 140 ans
Cerbère : nom étrange qui évoque ce chien à trois têtes qui, dans la mythologie, gardait la porte des Enfers
pour empêcher les vivants d’y entrer et les morts d’en sortir. Ici, c’est bien d’une ville frontière qu’il s’agit.
L’Espagne n’est qu’à quelques kilomètres de là. Quand on remonte en bateau le long de la côte, on se soucie
peu de cette notion, étant plus attentifs aux caps et aux criques qu’aux limites administratives.
La frontière se situe au niveau d’une arête rocheuse, environ 500 mètres avant le cap Cerbère.
Une fois le cap franchi, la ville apparaît, nichée dans une échancrure de la côte.
Si l’on arrive d’Espagne par la D914, cette magnifique route côtière qui relie Port de la Selva à Collioure, on ne manquera pas de s’arrêter au mémorial qui rappelle l’exode des 100 000 républicains espagnols qui passèrent ici en février 1939. Parmi eux, Antonio Machado, le grand écrivain et poète espagnol. Il arriva épuisé à Collioure où il s’éteignit quelques jours plus tard. Il repose désormais dans le cimetière de la ville des peintres.
Mais ce n’est ni le port, ni la route qui firent pendant des années la réputation de Cerbère, mais sa gare.
En effet, le 21 janvier 1878 (il y a 144 ans exactement) eut lieu la jonction des chemins de fer français et espagnols. Problème, l’écart des voies en France était de 1,43 mètres alors qu’il était de 1,66 mètres en Espagne.
De ce fait, les trains français s’arrêtaient à Cerbère et leurs homologues espagnols à Port-Bou, à quelques centaines de mètres de là. Si cette situation put causer quelque gêne aux voyageurs qui devaient descendre et changer de train, la difficulté majeure fut le transport des marchandises d’un train à l’autre.
En ce temps, l’Espagne exportait essentiellement des agrumes. Longtemps, ces fruits furent transportés
sur des bateaux comme la goëlette Santa Eulalia que l’on peut visiter au port de Barcelone ou
le pailebot Miguel Caldentey actuellement en cours de restauration sur les berges de la Robine.
Henry de Monfreid raconte dans ses souvenirs d’enfance le naufrage d’un caboteur de ce type
en face de La Franqui et la mer couverte d’oranges le lendemain…
Cerbère : la gare, le port
Mais avec l’arrivée du chemin de fer, c’est surtout par le rail que ces marchandises seraient dorénavant
expédiées. Les oranges, en vrac dans les wagons espagnols en provenance d’Andalousie devaient
être disposées dans des paniers, déchargées, puis
Source : internet
transportées pour être ensuite embarquées dans des wagons qui parcouraient la France et même l’Europe entière. Et ce sont des femmes qui furent chargées de ce travail car elles apportaient plus de soin à la manipulation des fruits
C’est l’histoire d’une enclave au pied des Pyrénées, le dernier village avant l’Espagne, dont le destin a chaviré avec l’arrivée du train au XIXe siècle et, dit-on, la toute première grève de femmes en France. 110 ans après, un film, qui sera diffusé par France 3 en ce mois d’octobre 2016, raconte l’histoire de Cerbère, ville-frontière qui, de la grève des « transbordeuses d’oranges » au Palace le Belévédère, a connu des périodes aussi contrastées que son relief.
De là est née la corporation des transbordeuses d’oranges. C’est dans des paniers en osier
Carte postale (source internet)
que les fruits étaient transportés d’un wagon à l’autre. Travail éreintant, effectué dans des conditions difficiles. En 1906, les transbordeuses se mirent en grève pendant de longs mois pour protester contre les bas salaires et les conditions de travail. Ce fut le premier mouvement social exclusivement féminin. Cette activité perdura jusqu’aux années 1960.
Aujourd’hui, sur le front de mer, un vieux wagon espagnol rappelle cette histoire tandis qu’un peu plus loin,
une statue représentant une transbordeuse rend hommage à ces femmes et perpétue cette mémoire.
https://www.blogpopuli-bpsud.fr/actualites/lhistoire-de-cerbere-et-des-transbordeuses-doranges-portee-au-cinema-ea40-794e3.html
un lien pour continuer
Quand les catalanes font l'histoire : en 1906, à Cerbère, les transbordeuses d'oranges lancent la première grève de femmes en France. Les transbordeuses d'oranges se révoltent et réclament une hausse de leur salaire. Le 26 février, elles cessent le travail. Sans le savoir, elles entrent dans l'histoire. C'est la première grève de femmes en France. A remarquer que si la grève a été menée par les femmes, les signataires de l'accord sont des hommes (autres temps autres mœurs).Enfin cette grève a été très dure. Les transbordeuses ont dû faire face aux soldats dépêchés par les transitaires, aux équipes de jaunes embauchées par les transitaires dans d'autres villages. Elles ont réussi à bloquer les trains en se couchant sur les voies. Lorsque des trains ont démarré elles n'ont pas bougé. Heureusement que les donneurs d'ordre ont cédé sinon il y aurait eu des mort(e)s.Hélène Legrais a écrit un roman sur les transbordeuses d'oranges et elle nous raconte leur épopée héroïque. Née à Perpignan, chroniqueuse sur France Bleu Roussillon, Hélène Legrais a travaillé à France Inter et à Europe 1, avant de retourner dans sa Catalogne natale pour se consacrer à l’écriture. Elle a été récompensée par le prix Méditerranée Roussillon 2012 pour Les Héros perdus de Gabrielle.Quelques livres qui vous parleront des transbordeuses d orange, de poignants témoignages et récits .....Pour préciser l es motivations des grévistes en 1906. Elles demandaient une augmentation de 25 %Pour les remplisseuses : augmentation 0.75 à 1,00 F de la tonne transbordée.Pour les videuses: passage de 1,00 à 1.25 F à la tonne.Cette demande était faite depuis 1903 sans réponse des transitaires.Les ouvriers gagnaient vers 1900, 3 francs par jour de travail en moyenne et 0 s'il n'y avait pas de travail. C'était très peu pour vivre d'autant qu'elles étaient réquisitionnables à la demande en fonction des arrivages de wagons. La chef d'équipe faisait le tour du village pour appeler les membres de son équipe lorsqu'il y avait du travail.Merci de votre visite à demain .......
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Commentaires
Bonjour Bérénice,
c'est bien connu qu'à l'époque les femmes étaient mal payées pour un travail dur .
Les temps changent et évoluent.
Passe une bonne journée, gros bisous,
Nadine
C'est vrai qu'aujourd'hui on a du mal à situer la frontière entre l'Espagne et la France, mais il reste quelques fois d'anciens bâtiments inutilisés, qui nous rappellent les lieux...
Et l'écartement des rails différent a longtemps posé des problèmes pour les voyages en train entre les deux pays !
Bisous et bonne journée à toi
Je me souviens avoir changé de train à Cerbère pour rentrer d'Espagne en France.Par contre j'ignorais l'histoire des transbordeuses,un métier éreintant je pense.Ta galerie de photos est à ce sujet explicite et m'a beaucoup intéréssé.
merci de cet article déjà historique..Bonne journée..
Et dire qu'aujourd'hui on ne fait que se plaindre !!!!!!!!
Lorsqu'on découvre la vie de ces femmes avec ce travail éreintant et un salaire dérisoire,certains devraient
s'estimer heureux de ce qu'ils possèdent aujourd'hui .
Si l'écartement des rails du chemin de fer Espagnol avait été le même que celui de France , ce travail n'aurai jamais existé .
Les trains auraient pu circuler en France pour livrer les oranges
Merci pour cette belle page Bérénice
Aujourd'hui nous avons un beau soleil et une grosse gelée ,on se sent de suite mieux .
Toute mon amitié
Bertille
coucou beau soleil ce matin...on va aller balader cet après midi ..je je suis bien que dehors....j'ai lu le livre Hélène Legrais...ton article est bien intérréssant merci...bises YVETTE
Je me suis régalé en lisant cette histoire vraie sur Cerbère et ses vaillantes femmes exploitées qui se révolte. La dame de droite avec son tabier blanc ressemble à ma grand-mère maternelle catalane. C'est vers cette époque que mes grands-parents, maternels et paternels émigrèrent en France.
Merci pour ce billet qui me fait chaud au coeur
Bonne journée.
Amitiés. Hugues
Bonjour Bérénice,
Merci pour ce post. Je ne connaissait pas du tout cela. Bonne AM. Bises amicales. Huguette
Coucou Bérénice,
Très bel article, j'en ai appris des choses sur les oranges espagnoles et surtout la main d'oeuvre, hélàs les pauvres ne gagnaient pas beaucoup et je pense que c'est toujours un peu ainsi..
Et l'Espagne ma deuxième patrie.....
Amitiés bisous
Un travail que je ne soupçonnais pas, et bien pénible pour ces femmes....
Bonne journée Bérénice.
Un petit tour ici ? https://coyotus-cogitus.blog4ever.com/
J'ai jamais entendu parler de ces fameuses transbordeuses, quel sacré boulot, pour l'écartement des rails j'au vu ça entre la Mongolie et la Chine, mais là au lieu de changer de trains, ils changent les boogies (les roues), merci, bisous JL
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Bonjour Berenice,
merci pour ce billet très instructif sur Cerbère. Je ne connaissais pas toute l'histoire de Cerbère. Bon mercredi. Bisous.