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    Francine Baraban


      

     

    « L’épidémie de Covid-19 porte à son paroxysme le déni de mort» écrit Marie de Hennezel qui éclaire ici notre regard sur la situation de notre monde actuel sous Covid 19.

    Marie de Hennezel est psychologue et elle a travaillé de longues années en soins palliatifs accompagnant des centaines de mourants, dont François Mitterand qui a dédicacé son premier livre - magnifique- " La mort intime " :

    "Fustigeant la « folie hygiéniste » qui, sous prétexte de protéger les plus âgés, leur impose des « conditions inhumaines », l'écrivaine et psychologue estime que la crise sanitaire met à mal le respect des droits des personnes en fin de vie.

    Si le déni de mort est une des caractéristiques des sociétés occidentales, l'épi démie due au SARS-CoV-2 illustre son paroxysme. Depuis la seconde guerre mondiale, ce déni n'a fait que s'amplifier, avec le progrès technologique et scientifique, les valeurs jeunistes qui nous gouvernent, fondées sur l'illusion du progrès infini, la promotion de l'effectivité, de la rentabilité, du succès. Il se manifeste aujourd'hui par une mise sous silence de la mort, une façon de la cacher, de ne pas y penser, avec pour conséquence une immense angoisse collective face à notre condition d'être humain vulnérable et mortel.

    Ce déni de la mort a eu trois conséquences. D'abord au niveau individuel, il n'aide pas à vivre. Il appauvrit nos vies. En faisant comme si la mort n'avait pas d'incidence sur notre manière de vivre, nous croyons vivre mieux, mais c'est l'inverse qui se produit. Nous restons souvent à la surface des choses, loin de l'essentiel. Ensuite, ce déni entretient une illusion, celle de la toute-puissance scientifique et technologique, celle du progrès infini. Avec ce fantasme incroyable : imaginer qu'un jour on pourrait avoir raison de la mort. Enfin, le déni de la mort nous conduit à ignorer tout ce qui relève de la vulnérabilité. Il est responsable d'une perte d'humanité, d'une perte de la culture de l'accompagnement, avec les souffrances qui y sont associées.

    Le vrai sens de l'existence

    Dès 1987, avec l'arrivée des soins palliatifs en France, a commencé un long combat pour sortir de ce déni. En 2005, lors de son audition au Parlement, en vue de la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie (dite loi Leonetti), la sociologue Danièle Hervieu-Léger avait eu cette réflexion : « Le déni de la mort se venge en déniant la vie. La mort qui n'a pas sa juste place finit par envahir toute l'existence. Ainsi notre société est-elle devenue à la fois thanatophobe et mortifère. » Le déni a pourtant perduré.

    L'épidémie actuelle l'illustre factuellement. La peur de la mort domine. Au lieu de considérer comme notre destin à tous, une réalité sur laquelle il faut méditer car elle est inéluctable, la mort devient l'ennemi à combattre. Faut-il pour autant ne pas se protéger ni protéger les autres, évidemment que non. Mais cette responsabilité doit être laissée à chacun et non édictée par un pouvoir médical devenu tout-puissant, qui poursuit aujour d'hui son fantasme d'éradiquer la mort, de préserver la vie à tout prix, au détriment de la liberté de la personne. Les acquis sur la dignité du mourir et le respect des droits des personnes en fin de vie sont brutalement mis à mal.

    Je ne remets pas en cause l'acharnement avec lequel médecins et soignants, au risque de leur propre vie, soignent des patients qui ont encore envie de vivre. Je remets en question la folie hygiéniste qui, sous prétexte de protéger des personnes âgées, arrivées dans la dernière trajectoire de leur vie, impose des situations proprement inhumaines. Cela a-t-il un sens de confiner une personne âgée qui, dans son for intérieur, est relativement en paix avec l'idée de mourir, comme c'est le cas pour beaucoup ? De l'empêcher de vivre les dernières joies de sa vie, voir ses enfants, les embrasser, voir ses amis, continuer à échanger avec eux ? Leur demande-t-on leur avis, leur choix ? Demande-t-on aux proches ce qui est plus important pour eux : prendre le risque d'attraper le Covid-19 en prenant une dernière fois dans ses bras un parent aimé et lui dire au revoir ? Ou se protéger au risque d'une culpabilité qui les empoisonnera pour longtemps ? Ce déni de la mort est dramatique et le combat contre la mort est vain.

    Nous ne mesurons pas les souffrances qui naîtront de l'érosion de l'humain quand la distanciation sociale sera devenue la norme, comme des inégalités que cette peur de la mort aura induites, les désespoirs, les dépressions, les violences, les envies de suicide. Nous réaliserons après le confinement le mal qui aura été fait en privilégiant la vie au détriment de la personne. Car qu'est-ce qu'une personne ? Sinon un être humain qui, se sachant mortel, et méditant sur sa finitude, est renvoyé à l'essentiel, à ses priorités, à ses responsabilités familiales, aux vraies questions sur le sens de son existence.

    Heureusement, quand notre société aura atteint le pic du déni de la mort, s'amorcera un déclin.

    Nombreux sont ceux qui, déjà dans le silence de leur confinement, méditent aujourd'hui sur le sens et la valeur de leur existence, sur le genre de vie qu'ils ont vraiment envie de mener. Une vie de retour aux choses simples, une vie où le contact avec ceux que l'on aime compte plus que tout, où la contemplation du beau et de la nature participe à la joie de vivre. Une vie où l'on n'abandonne pas les plus vulnérables, où la solidarité humaine l'emporte. Une vie qui respecte les rites essentiels qui ponctuent l'existence et rassemble la communauté des vivants : la naissance, le mariage, la mort. Une vie où le devoir d'accompagnement de ceux qui vont mourir impose naturellement la présence, les mots d'adieu, bref d'entrer dans ce que le psychanalyste Michel de M'Uzan (1921-2018) appelait « l'orbite funèbre du mourant .

    #mort #Covid19 #pandemie #isolement #solitude

    Via Victoire Theismann

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  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Septembre 2020 à 18:18

    C'est un problème complexe et on fait peu de cas des dégâts psychologiques sur les personnes qui sont en EPHad ou en Hôpital.

    J'ai appris hier au soir que l'EPHAD où se trouve ma mère âgée de 99 ans avait décidé unilatéralement de réglementer les visites qui ne peuvent se faire que durant 3/4 heure dans le hall ou dans le jardin de l'établissement du lundi au vendredi entre 2 et 5 heures et sur rendez vous. . Difficile pour les personnes résidentes de comprendre cela car le résultat c'est qu'elle est privée de visites journalières de ses proches.Elle est en souffrance d'autant qu'elle a toute sa tête et ses capacités . Certes je comprends qu'il faille prendre des précautions face à la Covid mais en prends  t'on pour préserver les résidents et leur solitude. j'en doute.La gestion des fins de vie demande beaucoup d'humanité et de compréhension....Ce n'est pas toujours le cas

    Bonne soirée

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    2
    Mardi 1er Septembre 2020 à 20:39

    Hélas ! Nous vivons des heures sombres avec ce covid 19 !

    Me voila de retour au Barcarès le soleil est au rendez vous, et la température a baissé! J’espère que tu vas passer une agréable fin de cette journée de mardi et une bonne nouvelle semaine de cette fin d’août. Cordiales amitiés & à +

     

    3
    Mardi 1er Septembre 2020 à 20:56

    Quand je vois ton texte je ne sais plus quoi dire, je fréquente plus beaucoup les ephad, déjà eu des décès, maintenant c'est sur de ne plus voir certaines personnes et savoir si on peux les embrassées ou tout simplement les touchées, cela devient une aventure, bisous virtuels JL

    4
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 06:33

    Bonjour ,nous allons directement dans le vide, plus possible de revenir en arrière ,l'être humains n'a fait que des bêtises jusqu"a ce jours et va continuez .Peut être mème sur et certain qu'il se passera encore des choses plus pire encore .

    Prenez soin de vous .Bisou

    5
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 07:33

    Moi je pense que derrière tout cela il y a beaucoup d'information cachée et on ne sait pas ou on va. Je penserai même à une sorte de manipulation des masses. Quant aux personnes âgées que leur restent t'elles, à part leur propre famille? de toute façon leurs jours sont compter autant les entourer d'amour. Si ma mère avait été en EPAD je l'aurai kidnappé pour qu'elle puisse au moins finir ses jours à la maison. Maintenant je soupçonnerai même que cette situation d'isolement des personnes âgées sous prétexte de les protéger, ça les arrangeait bien (style moins de retraite à payer etc.) Oui comme la grippe il faut protéger les plus faibles bien entendu mais je pense sincèrement qu'il y avait d'autres moyens à mettre en place surtout pour les EPAD. Tout ça parque nous n'avions pas de masque etc..Je suis très en colère et je pense qu'on se moque de nous. Désolée de ma franchise, je suis pas une fille de résistante politique pour rien mon père ayant fait DACHAU. Les gens se laissent endoctriner facilement je trouve. Pardon j'espère que n'ai frustré personne en disant le fond de ma pensée.

    6
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 08:43

                                                            Bonjour Bérénice

    Merci pour ton passage et commentaire sur LES BREFS RAPPELS DES EVENEMENTS QUI SE SONT DEROULES EN SEPT. 2019

    Je te souhaite un bon mercredi en ce 02 Septembre

    Amitié

    Jean

    7
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 09:01

    Tout ça est très compliqué, aussi compliqué que le cerveau humain qui est capable du meilleur comme du pire... (dommage que le meilleur soit en minorité)

    Prendre une décision importante tout seul est déjà difficile, alors on imagine les difficultés presque insurmontables pour prendre des décisions politico-médicales qui concernent les masses... en essayant de préserver les intérêts des uns et des autres, qui bien entendu sont tous différents !

    Perso j'ai résolu le problème en survolant tout ça de loin et en vivant ma vie le mieux possible. Mais c'est pas toujours facile ! lol !

    Bisous et bonne journée

    8
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 09:36

    Depuis qq temps je me suis mis une carapace et j'ai décidé de voir tout ceci de loin pour me préserver le plus possible . J'ai accompagné mes parents jusqu'à la dernière heure de leur vie et je pourrai écrire ( si j'étais douée ) un livre concernant leur qq mois en EPHAD..... Aujourd'hui nous baignons dans le mensonge et sommes impuissants contre ça . Le pot de terre n'a jamais gagné contre le pot de fer .

    Bonne journée Bérénice, bien amicalement

    Bertille  

    9
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 16:21

    Bonjour Bérénice,

    oh je connais et aime beaucoup Marie de Hennezel et tout ce qu'elle narre dans  ses livres et nous redit à travers Victoria Thelsmann (psychanalystes) qui pense comme elle.

    Oui je suis bien d'accord avec tout ce quelle nous dit. On dénie la mort, on ne sait plus dans nos vie jongler avec et cela au détriment de notre façon de vivre.

    Et malgré les problèmes rencontrés avant la covid mon père est mort seul (il était dans la coma) pour lui laisser un chance de recevoir son traitement à l'hôpital contre son diabète. A l'EPADH ils n'étaient pas capable de lui donner en perfusion !!!!! Mais il est arrivé mort à l'hosto!! 

    Heureusement que je l'avais vu il y avait peu à l'EPADH. Hélas je n'avais pas la possibilité de le prendre chez nous trop de marches pour les besoins nécessaires. Et incapacité de le manipuler.

    La vie d'aujourd'hui ne permet pas de faire ce qu'on espèrerait.

    Article très positif merci et amitié.

    10
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 16:27

    bonsoir ..ou allons nous dans ce monde de fous,,Droit dans le mur...bises amicales YVETTE

    11
    Mercredi 2 Septembre 2020 à 16:32

    Je connais bien cette auteur j'ai lu de ses livres. Après la mort vaste sujet. Je ne crois pas que personne aime cette échéance là quoiqu'ils en disent ou alors ils sont déprimés et ne voient plus personne. Les epads sont remplis de personnes qui ne voient plus personne, car la déchéance, la maladie fait peur et je sais de quoi je parle car je l'ai souvent vu autour de moi. La mort est un déni que je peux comprendre. Préparer l'après c'est à dire, le caveau, etc, certains font la politique de l'autruche et disent les vivants s'occuperont de cela, et je les trouve pas courageux et surtout égoïstes. Moi oui, j'ai peur de la mort, car quand on fait le calcul çà se rapproche inexorablement. Et j'aime la vie. 

    12
    Vendredi 4 Septembre 2020 à 11:35

                                                                     Bonjour Berenice

    Je viens à mon tour te souhaiter un bon vendredi en ce 04 Septembre

    Merci ausi pour le cadeau du message de SEPTEMBRE

    Amitié

    Jean

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