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    Danielle Brillouet



    Christiane Singer ou Du bon usage des crises

     

     

    Peut être une image de une personne ou plus et plein air

     

     

    Je suis Celle que rien n'arrête

    Je suis Celle qui arrache aux morts leurs bandelettes

    Je suis Celle qui n'a pas toléré de ne pas naître

    Et que la haine puisse avoir le dernier mot pendant la guerre

    Je suis Celle qui entre en trombe par les fenêtres ouvertes

    Arrache les rideaux, décroche les volets

    Je suis Celle aussi qui répare les toiles d'araignées déchirées

    Qui s'alarme de quelques fourmis écrasées

    Je suis Celle qui n'a peur de rien

    Qui se lève et clame son indignation, sa colère devant les scandales du mépris

    Je suis Celle aussi qu'une feuille en tombant effraie et qui se cache derrière la commode

    Pour que personne ne la cherche ni ne la voie

    Je suis celle que même la mort n'a pu faire mettre à genoux et

    Qui court en enjambant les ruines

    Je suis la lionne qui s'avance en rugissant

    Mais aussi la lapine qui vit sous sa feuille de chou dans la rosée

    Je suis Celle qui désormais n'a plus peur de vivre entre les chaises, entre les trônes.

    Elle était blonde et lumineuse la mère qui m'a donné la vie, elle venait d'Ukraine

    Il était fou de tendresse et de justesse, l'admirable père qui me donna la vie

    Ensemble ils enjambèrent les charniers du siècle pour courir à travers toute l'Europe

    Jusqu'à ce port de Marseille où je naquis

    Leur course éperdue est encore dans mes veines

    Elle court, elle court la vie

    Cette vie qui m'habite

    Qui la clouerait au pilori ?

    Qui en suspendrait l'élan ?

    Dans la ville de ma naissance tout était partance, voiles claquées, embruns salures

    J'entrerai en trombe dans la mort comme je suis entrée dans la vie

    Je n'ai jamais stagné

    Je suis d'ici et je suis d'ailleurs

    Mais j'ai reçu la vie aussi de George Convertisseur-de-dragons

    Que j'ai aimé, que j'aime

    Il marche pieds nus dans mes rêves. Il dort à l'ombre de mes cils

    Jamais où je suis il n'et pas

    Où que j'aille, où que je m'enfuis c'est sur lui que je marche

    Nous nous sommes fait souffrir

    Mais jamais, au grand jamais nous ne nous sommes trahis.

    J'ai reçu la vie de tous ceux et de toutes celles que j'ai aimé et que j'aime

    Ils marchent pieds nus dans mes rêves

    Ils dorment à l'ombre de mes cils

    Jamais où je suis ils ne sont pas

    Où que j'aille, où que je m'enfuis

    C'est sur eux et sur elles que je marche

    Je les ai fait souffrir mais jamais, au grand jamais je ne les ai trahis

    Je suis Celle que le monde sans cesse éblouit

    Quand je sors de ma maison je crie tout haut :

    Je suis témoin Seigneur de la merveille de ton monde, je suis témoin

    Jamais je n'ai laissé l'indifférence me gangrener

    J'aime ouvrir les yeux des aveugles

    Comme des âmes ailées m'ont ouvert les miens

    Je suis Celle qui a osé se laisser rêver par ses fils

    Je m'accommode de mon imperfection

    Et je porte le flambeau de la mémoire des hommes et des femmes dont je suis le témoin vivant.

    Autolouange écrite et proclamée par Christiane Singer à Bodhgaya – Inde au Nouvel An 2000

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 10 Mars 2021 à 08:06

    Bonjour Bérénice, 

    magnifique texte. 

    Passe une bonne journée, ici gris et humide. 

    Gros bisous, 

    Nadine

    Gifs animés "BON MERCREDI" - Balades comtoises

    2
    Mercredi 10 Mars 2021 à 08:31

    Bonjour beau texte a lire lentement..à méditer aussi ..Jacky est parti tôt ce matin ...content  , j'espère qu'il me fera de belles photos.. allez vous en rando? bises 

      • Mercredi 10 Mars 2021 à 12:59

        sommes aussi partis tot sans ouvrir le pc, sauf dans ma coupure qui a duré une demi heure et re dodo....

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