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    La peur

     

    La peur est une souffrance.
    La peur est la non-acceptation de ce qui est.
    La peur n'existe que par rapport à quelque chose.
    C'est l'esprit qui crée la peur.
    Seule la connaissance de soi peut vous affranchir de la peur.

    La connaissance de soi est le commencement de la sagesse et la fin de la peur.

     

    Question :
    Je ne demande pas comment naît la peur – vous l’avez déjà expliqué – mais plutôt en quoi elle consiste.
    Qu’est-ce que la peur elle-même ?
    Est-ce une suite de réactions et de sensations physiologiques : contractions des muscles, production d’adrénaline, et ainsi de suite – ou bien est-ce quelque chose de plus ?
    Que dois-je regarder lorsque je considère la peur elle-même ?
    Cette vision peut-elle avoir un lien sans la présence immédiate de la peur ?

     

    Krishnamurti :
    Qu’est-ce que la peur elle-même ?
    En général, nous avons peur de quelque chose, ou bien du souvenir de quelque chose passée, ou bien de la projection d’une réaction dans le futur.
    Mais on demande : quelle est la nature réelle de la peur ?

    Lorsqu’on a peur, à la fois physiologiquement et psychologiquement, n’est-ce pas parce qu’on a le sens du danger, un sentiment d’isolement total qui s’appelle la solitude, une solitude profonde, persistante, durable ?
    Toute réaction correspond à quelque chose : on a peur d’un serpent, on a peur du retour d’une douleur éprouvée dans le passé.
    En somme, il s’agit, soit de la peur d’une chose réelle, soit du souvenir d’une chose passée.
    Mais en dehors des réactions psychologiques connues sous le nom de peur, celle-ci existe-t-elle intrinsèquement, sans objet direct ?
    Y-a-t-il une peur en soi ?
    Ou bien ne connaît-on la peur que par rapport à autre chose ?
    Si elle ne se rapporte pas à autre chose, est-ce de la peur ?
    On la connaît par rapport à quelque chose, à partir de quelque chose ou envers quelque chose, mais si vous éliminez cela, y-a-t-il une peur réelle que vous pouvez examiner ?

    .
    L’esprit, le cerveau ont besoin de sécurité complète afin de bien fonctionner, de manière saine et sensée.
    Un esprit intelligent rejette la sécurité que pourrait pourraient procurer une relation, une idée, une croyance.
    Ne trouvant de sécurité nulle part, il la cherche quand même et la veut absolue.
    Le fait de ne pas trouver cette sécurité fait naître la peur.
    Existe-t-il quelque part une certitude totale, sûre et absolue, non pas la certitude des croyances, des dogmes, des rituels, et des idées, qui peuvent tous se trouver abolis lorsque de nouveaux dogmes et de nouvelles théories les remplacent ?
    L’esprit, le cerveau qui écarte tout cela et qui cherche une sécurité intelligible sans la trouver, ressent-il une peur aux racines profondes ?
    Ainsi, en dehors des craintes ordinaires, le mental
    crée-t-il la peur elle-même parce qu’il n’existe rien de valable, rien d’entier ?
    Est-ce là en quoi consiste la peur ?

    L’esprit en lui-même peut-il être sans peur ?
    La pensée – qui fait partie des fonctions de l’esprit et du cerveau – en désirant la sécurité, a créé diverses illusions philosophiques et théologiques parmi lesquelles elle n’a pas trouvé de sécurité.
    En conséquence, ou bien elle crée quelque chose au-delà de soi, dans quoi elle espère trouver la sécurité complète, ou bien alors, l’esprit a atteint un tel degré de plénitude qu’il n’a pas besoin d’avoir peur.

    Nous ne parlons pas de nous débarrasser de la peur ou de la réprimer ; nous demandons : l’esprit en lui-même peut-il avoir ni cause, ni matière, ni réaction provoquant la peur ?
    L’esprit peut-il se trouver dans un état – ce mot « état » évoque « statique », ce n’est pas ça – peut-il jamais jouir d’une qualité qui lui évite tout mouvement vers l’extérieur, qui lui permette d’être complet et total par lui-même ?
    Cela implique la compréhension de la méditation.
    Celle-ci n’est pas l’amas d’absurdités dont on l’entoure.
    Elle représente l’affranchissement, à la fois physiologique et psychologique de la peur ; sans cela, il n’y a ni amour, ni compassion.
    Tant que la peur sévit, le reste ne peut se réaliser.
    Méditer – non pour atteindre quelque chose – c’est comprendre la nature de la peur et la dépasser – ce qui revient à découvrir un esprit qui n’ait aucun souvenir d’une chose ayant causé la peur, si bien qu’il est demeuré complet et total.

    Puis il y a l’autre partie de la question : cette vision peut-elle avoir lieu sans la présence immédiate de la peur ?

    On peut se rappeler la peur, et ce souvenir peut être observé.
    On a eu peur autrefois et on peut le rappeler à sa mémoire, mais ce n’est pas vraiment la même chose, car la peur survient un instant plus tard et non au moment réel ; il s’agit d’une réaction qu’on appelle la peur.
    Mais au moment même d’un grand danger, au moment de faire face à quelque chose qui peut effrayer, elle n’existe pas, il n’y a rien.
    Par la suite vient le souvenir du passé, qu’on désigne en disant « j’ai peur », avec toute la contraction des muscles, la sécrétion d’adrénaline.

    On peut se rappeler une peur passé et la regarder.
    L’observation de cette peur est importante car on peut, soit la mettre en dehors de soi, soit dire : « je suis cette peur » ; on n’est pas séparé de la peur en l’observant, on est cette réaction.
    S’il n’y a pas de division entre la peur et soi, s’il n’y a que l’état de cette réaction, alors il se passe quelque chose d’entièrement nouveau.

     

     

    Krishnamurti
    La peur.
    Questions et réponses.

     

     

     

    Carlos Suarès : Mais n’existe-t-il pas une peur fondamentale?

    Krishnamurti : Non. La peur est toujours la peur de quelque chose.
    Examinez la question très attentivement et vous le verrez.
    Toute peur, même inconsciente, est le résultat d’une pensée.

    La peur généralement répandue dans tous les domaines et la peur psychologique, à l’intérieur du moi, sont toujours la peur de ne pas être.
    De ne pas être ceci ou cela, ou de ne pas être tout court.

    La contradiction évidente entre le fait que tout ce qui existe est transitoire et la recherche d’une permanence psychologique, voilà l’origine de la peur.

    Pour être libéré de la peur, on doit explorer l’idée de permanence dans sa totalité.

    L’homme qui n’a pas d’illusions n’a pas peur.
    Cela ne veut pas dire qu’il soit cynique, amer ou indifférent.

     

     

    Carlos Suarès
    Krishnamurti
    Éd. République des Lettres

     







    LA PEUR,
    semblerait une affection mentale à distinguer de la réaction physiologique de retrait, de retraite ou fuite, de rejet. Celle-ci étant vitale, organique, réflexe, établie depuis les débuts de la vie cellulaire. La peur est le rappel d'un manque possible, d'un blocage de l'échange avec l'extérieur (échange nutritionnel, relationnel, sexuel).

    Dans le vécu ordinaire, elle devient l'angoisse soit la peur imaginaire : l'exaltation d'une pensée d'insuffisance, d'incompétence, d'impuissance, d'insatisfaction... Nos pensées étant aux trois quarts des illusions, des rêvasseries irréalistes, les peurs antagonistes qu'elles engendrent sont tout aussi irrationnelles.

    Plus on en est conscient, plus on concrétise des idées réalistes, plus on prend confiance dans une légalité naturelle fondée sur l'harmonie des désirs. Plus il est d'équilibre entre les forces ou tensions plus celles-ci prennent Sens plus les angoisses ou peurs s'estompent.

    Cette maîtrise des désirs et donc des peurs antagonistes est un travail à toujours recommencer. L'ego ou moi ne meurt pas et c'est tant mieux, sinon c'est la fin. Il y a une harmonie à trouver avec lui, et donc une vigilance ou attention constante à maintenir.
     






     Le mot envie est ambivalent : il contient caché le ressentiment. C'est donc un désir morbide, inapproprié, donc une pensée affective et plus ou moins excessive.
    Le besoin serait plus approprié aux désirs naturels donc non artificiels donc sensés (exemple le besoin de nourriture ou d'une relation sexuelle). En tous cas non superflus. Le mot désir signifie tout manque, toute souffrance ou attente de .. de l'extérieur ou de l'intérieur.
    Le désir est un message naturel sauf à l'exalter. Aussi reçoit-il son salaire, la souffrance, parce qu'inapproprié.
     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 14 Août 2020 à 14:43

    Merci pour ton gentil passage, je vois là un sujet très intéressant et peut être que je n'ai pas tout compris, mais pour moi la peur est une chose normale. Même les plus fort on peur. Peur de ceux que l'on laisse après la mort par exemple peur du devenir d'un enfant, peur de l'absence etc...Oui pour moi la peur fait partie de nous tous, du plus faible au plus fort. Maîtriser sa peur s'apprend aussi, mais elle nous avertie aussi parfois d'un danger peut être aussi un guide. Enfin je ne sais pas si je m'explique bien, mais ton sujet est très intéressant. Merci

    2
    Hiakku
    Vendredi 14 Août 2020 à 15:37
    Bonjour Bernice,
    la peur est parfois nécessaire face à un danger immédiat, elle nous permet de nous mobiliser pour fuir.
    Je vais chez le coiffeur refaire ma couleur.
    Coupé et soingrauits grâce à ma carte de fidélité.
    Bon week-end.
    3
    Vendredi 14 Août 2020 à 16:49

    bonsoir pas facile de surmonter sa peur dans un monde ou tout est fait pour...pas bien la forme aujourd'hui...ça ira mieux demain...bises YVETTE

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